Brassens, « Auprès de son arbre ».

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Un air de Brassens, ça swingue toujours. Pour s’en persuader il a suffi de revoir lundi sur France 3 le portrait pluriel de
l’artiste, peaufiné par Didier Varrod et Nicolas Maupied. On y découvrait un étonnant duo avec Aznavour et bien d’autres
archives encore. Porté par un titre évocateur – –, ce plaidoyer pour l’homme Brassens est en nous et son oeuvre a
réveillé ce goût de liberté qui colle à la peau des musiques et des mots de l’auteur de La Mauvaise Réputation. Mieux
encore, bien des images du journal télévisé du jour, diffusé juste avant, trouvaient un écho avec une chanson de
l’« oncle » Georges. En voyant, par exemple, l’émotion des personnes qui en ont sauvé d’autres de la noyade à Cannes
ou à Mandelieu sous le déluge de ce week-end, on entendait quelques accents des Copains d’abord.
Au fil des hommages rendus par des artistes de différentes générations, une postérité anticonformiste s’est incarnée dans
une citation du natif de Sète, lue en studio par Alain Souchon: « À 15 ans, je (Brassens) me suis aperçu que le monde
tel qu’il est ne me convenait pas et j’ai compris que je ne pouvais pas le refaire… Alors j’ai bâti mon rêve, créé
autre chose que ce qui existe ». N’est-ce pas le rêve de tout créateur ?
Ses chansons inspirent encore les nouvelles générations. Le succès des reprises sur Internet ne faiblit pas. À l’image de
ce rappeur interprétant fidèlement Le Mécréant, écrit par celui qui chantait si souvent Dieu. Oublié alors le provocateur de
jadis, le personnage aux rimes parfois osées, entré en quelques décennies au Panthéon des troubadours populaires,
sifflé autant par les ouvriers que par les bourgeois. Pas de fausse note de la part du choeur de témoins convoqués à
l’écran. Brassens manque à beaucoup. Étonnant ? Maxime Le Forestier au terme des 500 concerts qu’il avait donnés
avec le répertoire de Brassens en a livré le secret sinon la raison: c’est le plus souvent par un tiers que nous avons
découvert les chansons de Brassens. Cette transmission affective ne faiblit pas. Auprès de son arbre, celui de Georges, il
fait si bon de se retrouver.
À revoir sur http://pluzz.francetv.fr
MIGLIORINI Robert
Dans La Croix du 7/10/2015

Une réponse à “Brassens, « Auprès de son arbre ».”

  1. Avatar de pascal guillot
    pascal guillot

    Le poète Brassens nous a laissé un message  » sans le latin la messe nous emmerde « . Est-ce à dire qu’outre ses chansons, il nous rappelle l’existence d’un patrimoine confisqué par des âmes pour lesquelles la musique pure est abstraite ?

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À propos de ce blog

  • Dans un pays où, dit-on, tout ou presque, finit en chansons, d’innombrables voix montent du chœur des humains jusqu’à Dieu. Au gré de voies parfois étonnantes. La chanson n’a pas seulement vocation au divertissement et aux standards formatés. Elle ouvre à bien plus grand qu’elle, évoquant les musiques du Paradis…

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À propos de l’auteur

  • Robert Migliorini, religieux assomptionniste, journaliste, a tenu au sein du service culture de La Croix la rubrique musiques actuelles, de 1999 à 2009, et a assuré durant dix ans, en alternance, la rubrique quotidienne Fidèle au poste.

    Musicien, il a contribué au numéro de juillet 2009 (223) de la revue trimestrielle Christus consacré à la question de la musique, « une voie spirituelle ? ».

    Prépare un essai consacré à la chanson religieuse. Membre du jury des premiers Angels Music Awards 2015.

    Le dimanche à 8h03 sur le réseau RCF (Radios chrétiennes francophones) il programme l’émission Un air qui me rappelle.

    Robert Migliorini est également chroniqueur musical pour le mensuel Panorama.

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