Véronique de Boisséson. Depuis le premier chant de l’Homme dans la Bible.

Publié le

Invitée du blog: Véronique de Boisséson, directeur artistique en charge au Collège des Bernardins, Paris, des activités musicales notamment dans le domaine du classique. A l’occasion de la programmation de l’intégrale des Sonates pour piano de Beethoven, les week-ends de novembre 2014.

L’intégrale des Sonates pour piano de Beethoven par Michaël Levinas en huit récitals répartis sur deux week-ends de novembre 2014 (du 14 au 30 novembre) avec une sonate « phare » par récital. Parce que la musique elle aussi a vocation à ouvrir les cœurs et à libérer de tout ce qui enferme. De notre attachement aux formes du passé par exemple, dont Beethoven sut s’affranchir au fil de la composition de ses 32 sonates (Intégrale par Michaël Levinas). Michaël Levinas, dont l’intégrale des sonates pour piano de Beethoven fut enregistrée (chez Adès-Universal entre 1984 et 1991) revient au Collège des Bernardins avec une nouvelle interprétation de ce monument de l’écriture pianistique en 8 récitals. De la première à la dernière sonate de Beethoven, près d’une trentaine d’années se sont écoulées. Très vite, la surdité enferme le musicien dans un profond isolement. Ce travail de composition va lui permettre une double ouverture : celle de pouvoir s’exprimer au-delà de sa douloureuse infirmité grâce à la musique, et celle de libérer sa force créatrice en s’affranchissant des formes du passé, héritées de Haydn et de Mozart, pour aboutir à la grande sonate romantique.
La saison 2014-2015 de la programmation musicale du Collège des Bernardins est placée  sous l’égide de la parole du Christ, Ephata, « Ouvre-toi », il s’agit de donner à cet esprit d’ouverture valeur de manifeste. Parce que la musique elle aussi a vocation à ouvrir les cœurs et à libérer de tout ce qui enferme.

Après une classe d’Hypokhâgne, Véronique de Boisséson obtient une Maîtrise de Droit Privé à l’Université de Paris X et une Maîtrise de Musicologie à la Sorbonne. Elle se consacre alors à la défense du droit d’auteur et notamment à son harmonisation au niveau européen dans le cadre de la Sacem (1986-1994). Elle devient ensuite collaboratrice de l’Opéra national de Bordeaux-Aquitaine pour lequel elle écrit de nombreuses notes de programme avant d’entrer, dès son ouverture en 2008, au Collège des Bernardins  en charge des activités musicales dont elle assure la direction artistique.
 
**********
Carrefour entre les musiques de tout style et de toute origine, française ou
lointaine, sacrée ou profane, ancienne ou contemporaine, le Collège des Bernardins se veut avant tout un lieu
d’écoute, de partage et d’invitation à la réflexion sur la complexité de notre être et sur ce qu’il peut
devenir.
Si le Collège des Bernardins a fait le choix de la diversité, c’est bien pour signifier que toute musique,
si elle est portée par le souffle qui élève, peut emmener l’âme dans son sillage et la guider dans sa
quête de Vérité.
« Et si Dieu était un chant ? Lequel serait-il ? Dieu aime-t-il la musique ? Quelle musique entend-on au
paradis ? » me demandez-vous. Il m’est difficile de répondre à toutes vos questions une à une. Je me
contenterais, si vous le permettez, de reprendre humblement les mots d’Elie, dans le Livre des Rois,
qui voit Dieu dans le murmure de la brise légère frémissant en haut de la montagne.  Je ne crois
certainement pas, comme on a pu l’entendre dans certaines paroisses – en un temps que j’espère
révolu – en un « Dieu qui chante et qui fait chanter la vie » ! Dieu n’est pas un chant.
Quant à savoir si Dieu aime la musique, il reçoit en tout cas très certainement nos psalmodies et nos
cantiques comme autant de prières et de chants d’amour, si imparfaits fussent-ils. Sans doute les
aime-t-il donc en ce qu’ils se veulent une réponse de notre amour au sien. Aussi tissent-ils un lien
entre tous ceux qui chantent ensemble car tout ce qui unit, tout ce qui rassemble, plaît à Dieu.
Il est à cet égard éclairant de lire le très bel ouvrage de notre pape émérite, musicien, Benoît XVI, L’Esprit de la
musique
(Ed. Artège),
relevant le lieu où surgit le premier chant à proprement parler de l’histoire
d’Israël : juste après le passage de la Mer Rouge. Des lèvres de Moïse et des Israélites, envahis par
une joie si débordante qu’elle ne parvient à s’exprimer que par la musique, nait le premier chant de
l’homme dans la Bible. On sait bien que là où la rationalité des mots s’épuise, là où le dialogue verbal
atteint sa limite, la musique, maîtresse de l’ineffable, permet cette expression de l’indicible,
l’épiphanie de l’invisible. Elle vient au secours de l’homme, comme pour lui souffler au creux de
l’oreille : ta prière te semble vaine ? Élève-la par ton chant. Ta souffrance trop cruelle ? Passe l’archet
sur les cordes de ta viole tel un baume sur ton coeur. L’angoisse te pèse ? Souffle-la au cor et tout ton
être s’allégera comme la brise dans la montagne. La joie t’emporte ? Fais monter ton hymne jusques
au Ciel : le choeur des anges s’en fera l’écho et l’univers entier s’en trouvera transformé. Laissons
donc nos âmes frémir de joie à l’idée de l’entendre un jour, celui où nous verrons Dieu tel qu’Il est.
*******
La musique au Collège des Bernardins: http://www.collegedesbernardins.fr/fr/evenements-culture/musique.html

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

À propos de ce blog

  • Dans un pays où, dit-on, tout ou presque, finit en chansons, d’innombrables voix montent du chœur des humains jusqu’à Dieu. Au gré de voies parfois étonnantes. La chanson n’a pas seulement vocation au divertissement et aux standards formatés. Elle ouvre à bien plus grand qu’elle, évoquant les musiques du Paradis…

    Lire la suite

À propos de l’auteur

  • Robert Migliorini, religieux assomptionniste, journaliste, a tenu au sein du service culture de La Croix la rubrique musiques actuelles, de 1999 à 2009, et a assuré durant dix ans, en alternance, la rubrique quotidienne Fidèle au poste.

    Musicien, il a contribué au numéro de juillet 2009 (223) de la revue trimestrielle Christus consacré à la question de la musique, « une voie spirituelle ? ».

    Prépare un essai consacré à la chanson religieuse. Membre du jury des premiers Angels Music Awards 2015.

    Le dimanche à 8h03 sur le réseau RCF (Radios chrétiennes francophones) il programme l’émission Un air qui me rappelle.

    Robert Migliorini est également chroniqueur musical pour le mensuel Panorama.

Les derniers commentaires

Articles des plus populaires