Ibrahim MAALOUF, « Si vous me demandez »…

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L’invité du blog: Ibrahim MAALOUF
Le trompettiste a été distingué comme artiste de l’année le vendredi 28 juin à Vienne (Isère) lors de la 11ème édition des Victoires du Jazz.  Le 7 juin le trompettiste Ibrahim Maalouf terminait son  cycle « carte blanche » accueilli au Musée du Louvre, à Paris. Le samedi 29 juin il ouvrait le festival La Défense Jazz, sur le parvis (*). Trois étapes pour ce franco-libanais que l’on peut découvrir en concerts durant tout l’été et sur disques . Ibrahim Maalouf, 32 ans,  est né au sein d’une famille de musiciens. Son père, Nassim, ancien élève de Maurice André, a été le premier trompettiste arabe à jouer de la musique classique occidentale. Ibrahim revendique des influences multiples. On le retrouve à l’aise avec une nouvelle génération de chanteurs (Vincent Delerm, par exemple) comme dans le registre des musiques contemporaines et le jazz.
Son album « Diasporas », aux couleurs musicales électro-jazz, inaugurait en 2007 un triptyque achevé avec « Diagnostic ». En 2012 son quatrième album « Wind » (Label Mi’ster Production/ Harmonia Mundi) ouvrait une nouvelle page. Dédié à Miles Davis (compositeur de la musique du film « Ascenseur pour l’échafaud »)  ces morceaux évoquent le souffle, le voyage. C’est aussi un hommage au cinéma. Le prochain album « Illusions » est annoncé pour  novembre 2013.
Sa musique résonne des humeurs de la ville moderne. Au-delà des murs et des divisions habituelles, au cœur d’un Orient mélancolique où ses racines le conduisent toujours. À suivre. De la graine de génie si l’on en croit un expert, le violoncelliste Vincent Ségal. Le pronostic était le bon!
* La Défense Jazz festival: http://ladefensejazzfestival.hauts-de-seine.net/artistes/ibrahim-maalouf
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Selon vous, Dieu aime-t-il la musique ?
Ibrahim Maalouf: Quelle question !  Bien sûr puisque Dieu a créé beaucoup de choses, dont la musique !
–  Au paradis quelles musiques y entend-on ?
Dès mon retour de là bas, je vous envoie un sms, un texto,  avec l’info. Comptez sur moi !
Si la prière était une chanson, une musique, laquelle choisiriez-vous ?
Celle d’un des hommes qui fût le moins pieux au monde. Par exemple Miles Davis qui priait à chaque souffle dans son instrument.
Qu’aimeriez vous « chanter » à Dieu en le rencontrant ?
Du Gospel ! Juste pour voir sa réaction !
–  Quelles sont dans votre discothèque personnelle les musiques, les chansons qui sont vos préférées. Les dix musiques et chansons  à emporter sur une île déserte?
C’est une question qu’on me pose souvent. Si cela devait arriver pour de vrai, sincèrement, je ne prendrais rien. Je préfère passer mon temps à improviser qu’écouter tout le temps la même chose…
–  Quel est le refrain qui vous a le plus marqué ?
Ce n’est pas un refrain. C’est plutôt le son de mon père et sa manière unique de jouer de la trompette. Je crois que c’est ce qu’il y a de plus fort dans mon souvenir musical de ma naissance à aujourd’hui.
–  La dernière fois où vous avez été ému en écoutant une musique, une chanson, laquelle était-ce ?
J’ai récemment réécouté « Ascenseur pour l’échafaud » de Miles Davis que j’écoutais à une certaine époque. Et le son m’a immédiatement replongé dans cette époque. Un genre de « téléportation » dans le temps. C’était assez vertigineux.
–  Si Dieu était une chanson, une musique, laquelle serait-ce ?
Chaque personne peut avoir une réponse assez différente sur ce genre de question. Dans mon cas, je dirais que la musique est en soi ma religion. Si vous me demandez « si Dieu était une musique, laquelle il serait ? » je vous répondrais : « Si la musique était un Dieu, lequel serait elle ? » Et là je vous répondrais : Tous.
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Le site: http://www.ibrahimmaalouf.com/
A LIRE.
Dans les pages de LA CROIX du 3 juin 2013.
Le souffle vital
IBRAHIM MAALOUF Le trompettiste virtuose achève vendredi sa carte blanche au Louvre, avant un riche et bel été de concerts
JEAN-YVES DANA

Il descend d’une dynastie de chrétiens libanais vouée aux arts et à la culture. Son grand-père était poète, musicologue, journaliste. Son oncle est l’académicien Amin Maalouf, prix Goncourt en 1993. Ses parents sont la pianiste Nada Maalouf et le trompettiste Nassim Maalouf, élève de Maurice André au Conservatoire, devenu professeur. Bien né, Ibrahim Maalouf. Pourtant il vit le jour en plein chaos. Le 5 novembre 1980, les bombes pleuvent sur Beyrouth. À des milliers de kilomètres, son père participe l’émission « Le grand échiquier » consacrée à son maître. Guerre oblige, le nouveau-né demeurera un mois non déclaré. Sans ancrage. Suit l’enfance en exil, en France, sans enracinement ni amis. «  Mon père ne voulait pas que nous nous installions. Il n’était pas question de parler français à la maison, nous devions rentrer au Liban.  » Mais la guerre a duré : «  Il a fallu se résoudre à m’inscrire à l’école.  »
Ce départ dans la vie constitue la matrice du musicien, qui donne leur substance à ses trois premiers albums regroupés en un coffret, Dia s, édité sur son label Mis’Ter. Diasporas (2007), ou la quête de soi dans l’espace. Puis Diachronism (2009), la quête dans le temps. Enfin Diagnostic (2011), la quête en soi. «  La musique fut longtemps ma thérapie  », explique le musicien qui considère à présent la page tournée. Non religieux mais «  très mystique  », confiant qu’il lui arrive de prier avec sa femme, «  pas devant une icône, mais en réfléchissant à la tournure des choses, en émettant des souhaits  », Ibrahim Maalouf est passionné par la transmission. À 32 ans, il enseigne le classique et l’improvisation au conservatoire à rayonnement régional (CRR), à Paris et Aubervilliers.
Très tôt, sa mère l’a mis au piano. «  Avec elle, j’ai appris de façon autodidacte. J’en ai tiré une leçon, que j’applique avec mes élèves  », dit-il. Il réclame la trompette à l’âge de 7 ans. «  Je l’ai regretté les douze années suivantes  », lâche-t-il. Car l’enseignement de son père – classique, baroque, arabe classique – est rigoureux, «  vieille école  ». Une heure trente par jour. Lui-même le qualifie de «  très sévère  » et ajoute : «  Je n’avais pas droit à l’erreur.  » À 9 ans, il accompagne son père en concert. À 15 ans il joue en public le Concerto brandebourgeois n° 2 de Bach, pièce des plus ardues. Mais « je n’aimais pas la trompette » , avoue-t-il. Il l’enseigne dès 17 ans mais suit à côté des études de sciences, et se rêve architecte. Il réussit même à en convaincre son père avant que l’envie de jouer ne revienne et s’impose. «  Il fallait juste qu’elle vienne de moi  », commente-t-il.
Quelle perte si le blocage avait perduré ! Les mélomanes seraient passés à côté d’un style rare, façonné sur la trompette microtonale, à quatre pistons, inventée par son père pour jouer le répertoire oriental. Entré au conservatoire national de Paris, Ibrahim en ressort avec un premier prix, puis collectionne les récompenses dans les concours internationaux. Sa vie bascule à 22 ans lorsqu’il découvre la chanteuse Lhasa, et tombe amoureux de sa voix. «  Je ne voyais aucune raison de me priver de cette musique  », explique-t-il. Il joue avec elle sur scène, sur disque. L’accord est parfait. «  Pour la première fois, mon son appartenait à un environnement musical. C’était extrêmement rassurant  », se souvient-il.
Comme pour expier le passé, le voilà qui privilégie la rencontre, croise les notes avec Vincent Delerm, Amadou et Mariam, M ou Sting… Tous forgent sa personnalité. Lui en tire une philosophie: «  Si on se refuse aux expériences, on s’enferme.  » Et le jazz? «  Ma musique n’en est pas, selon moi. Mais il y a la trompette, et si l’on ne m’avait pas mis l’étiquette, on n’aurait pas su où me ranger.  » Une nouvelle page s’ouvre avec l’album Wind , sorti en 2012 : «  C’est le souffle. Et le vent qui balaie tout.  » Le projet est parti d’une commande de la Cinémathèque pour accompagner la réédition de La Proie du vent , film muet de René Clair. Le Louvre lui a demandé de programmer une saison de « Duos éphémères » entre musiciens et films anciens. Cette carte blanche se clôt vendredi soir (1) avec le trio Eol, un bel ensemble qui fusionne les influences. Le choix lui ressemble. Comme le thème de la soirée : « Course-poursuite ».


(1) À 20 h 30 à l’Auditorium du Louvre. Rens. : 01.40.20.55.55
 

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À propos de ce blog

  • Dans un pays où, dit-on, tout ou presque, finit en chansons, d’innombrables voix montent du chœur des humains jusqu’à Dieu. Au gré de voies parfois étonnantes. La chanson n’a pas seulement vocation au divertissement et aux standards formatés. Elle ouvre à bien plus grand qu’elle, évoquant les musiques du Paradis…

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À propos de l’auteur

  • Robert Migliorini, religieux assomptionniste, journaliste, a tenu au sein du service culture de La Croix la rubrique musiques actuelles, de 1999 à 2009, et a assuré durant dix ans, en alternance, la rubrique quotidienne Fidèle au poste.

    Musicien, il a contribué au numéro de juillet 2009 (223) de la revue trimestrielle Christus consacré à la question de la musique, « une voie spirituelle ? ».

    Prépare un essai consacré à la chanson religieuse. Membre du jury des premiers Angels Music Awards 2015.

    Le dimanche à 8h03 sur le réseau RCF (Radios chrétiennes francophones) il programme l’émission Un air qui me rappelle.

    Robert Migliorini est également chroniqueur musical pour le mensuel Panorama.

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