Fils d’un pasteur luthérien et d’une professeur de mathématiques ce batteur de jazz canadien, né au centre de ce grand pays, vit à Paris. C’ est un musicien qui compte sur la planète jazz. L’été, il anime depuis plusieurs années des master class à Marciac ( Gers), dans le cadre du fameux festival de jazz. C’est là qu’il nous a retracé quelques étapes de sa carrière.
Son visage toujours jeune est trompeur. Karl Jannuska est un vieux routier de la batterie. «Dès mes 7 ans, j’aimais donner le rythme sur les casseroles de la maison familiale, dans le Manitoba» s’amuse-t-il à préciser. Il reconnaît que le chant des hymnes, chaque dimanche, avec la communauté protestante paroissiale a pu influencer son destin.
Aujourd’hui, à 36 ans il vit à Paris, le pays de sa femme rencontrée à Montréal, et il fait le voyage depuis huit ans en toutes saisons vers le village de Marciac, dans le Gers. Bien installé devant sa batterie -son modèle préféré est une Canwood, produite par une exploitation forestière au Canada et achetée d’occasion-, il joue ce jour-là au sein du Nicolas Moreaux Quintet.
Comme chaque été il a joué sur la place de la bastide de Marciac. Bien fréquentée. Commerçants, producteurs locaux, badauds, festivaliers s’y donnent rendez-vous avant les concerts du soir sous le chapiteau de 6 000 places, installé un peu plus loin sur le stade de rugby. Le festival Jazz In Marciac en a fait durant trois semaines sa scène fixe, devant laquelle on peut partager le plaisir de la découverte en dégustant une tartine de foie gras du pays.
Karl Jannuska est familier des lieux depuis qu’il est venu assurer une formation au collège de Marciac dans le cadre des classes de jazz, lancées en 1993. «Au Canada ce type d’enseignement et de filière est courant» explique-t-il. Le village gerçois est méconnaissable hors saison, se souvient le batteur. Rien à voir avec les foules de l’été.
Depuis, le nomade revient à Jazz in Marciac en juillet-août pour assurer la master class de batterie pour une poignée de virtuoses motivés. «Les conditions de travail sont excellentes» , poursuit-il la veille de présenter sur la place de l’hôtel de ville la prestation des stagiaires du 35e anniversaire de Jazz In Marciac, en 2012.
Avec ses stagiaires comme tout au long de sa carrière, Karl Jannuska aime partager son goût de la diversité. «Le jazz est une bonne école pour aimer et jouer tous les styles de musiques» , souligne-t-il, preuves à l’appui. Lui-même a fait jadis quelques gammes comme batteur de rock avant de suivre les voies offertes par les grandes figures du jazz.
Karl Jannuska, peu connu encore du grand public, est bien présent sur la scène jazz (1) française et canadienne.Venu des Amériques, il y a douze ans, il participe à une dizaine de concerts mensuels durant l’année et affiche une soixantaine de disques à son actif. Toute collaboration comprise. Souriant, il explique ne pas avoir choisi ce métier pour devenir célèbre. Ou pas tout de suite ! Le regard de ses proches lui importe plus que tout. Après quelques jours de repos après Marciac, l’infatigable musicien était reparti quelques jours à Montréal. Un nouvel enregistrement l’attendait dans son pays natal. De retour en France peu de temps après, il vient de présenter son nouvel album et part en tournée cet automne.
La couverture de la pochette de « The halfway tree », l’album, met en vedette un immense peuplier qui se situe à mi-chemin entre Brandon et Winnipeg, au Canada. C’est le titre choisi pour le quatrième disque personnel du batteur, compositeur et auteur Karl Jannuska. La chanteuse candienne Sienna Dahlen, auteure également de quelques-uns des textes, est associée à ces onze titres fluides et inspirés. Le batteur s’est entouré de musiciens avec qui il joue régulièrement et d’autres, réunis pour l’occasion. Cet ensemble franco-belgo-canadien nous invite à la rêverie et au voyage. Avec pour horizon ces immensités naturelles et des voix aériennes. Du beau travail et un jazz accessible au plus grand nombre.
Karl Jannuska répond à notre questionnaire.
Dernier album de Karl Jannuska : « The halfway tree” (PJU Records 2012)
(1) Karl Jannuska participe aux concerts de Collectif Paris Jazz Underground, Gueorgui Kornazov, David Prez, Sandro Zerafa, Franck Amsallem et Sienna Dahlen. Voir le site: http://www.parisjazzunderground.com/
En concert en France en octobre: le 12, au château d’Auvers (Auvers sur Oise), le 17, à Nantes (Pannonica), le 19, Saint-Maur (94), le 20, Paris (Baiser salé), le 23, Valenciennes (Le Phénix).
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– Quelles sont les musiques, anciennes ou récentes, évoquant Dieu que vous avez entendues et appréciées?
Karl Jannuska: John Coltrane, « A Love Supreme » et Duke Ellington « Black, Brown and Beige » avec Mahalia Jackson.
– Selon vous, Dieu aime-t-il la musique ?
Oui !
Au paradis quelles musiques y entend-on ?
Bach cello suites ; Henryk Gorecki Symphony numéro 3 ; Nick Drake ; Toumani Diabate ; Joni Mitchell ; Bjork ; Thelonious Monk ; John Coltrane ; Miles Davis ; Beatles ; Radiohead ; Frank Sinatra ; Ladysmith Black Mambazo ; Mystère des Voix Bulgares…(en gros toute la musique que j’aime).
Peut-être même qu’il y a des nouveaux sons qu’on n’a jamais entendu (on garde le meilleur pour la fin)
– Que chantent les anges musiciens ?
Ma musique (avec une justesse impeccable !)
–Si la prière était une chanson, une musique, laquelle choisiriez-vous ?
Infant Eyes de Wayne Shorter
– Qu’aimeriez vous « chanter » à Dieu en le rencontrant ?
Je chante très mal, je pense qu’il vaut mieux que je ne chante rien…
– Quelles sont dans votre discothèque personnelle les musiques, les chansons qui sont vos préférées. Les dix musiques et chansons à emporter sur une île déserte?
Toujours difficile comme question, il y en a tellement (frustrant de choisir que 10 !) (J’amènerai mon baladeur MP 3 numérique avec 3000 disques dedans…)
Les disques :
– Elis Regina et Tom (Antonio Carlos) Jobim « Elis & Tom »
– Miles Davis « Nefertiti »
– Beatles « White Album »
– Dirty Projectors « Bitte Orca »
– Beck « Sea Change »
– KD Lang « Hymns of the 49th Parallel »
– Joni Mitchell « Clouds »
– Radiohead « OK Computer »
– Duke Ellington « Such Sweet Thunder »
– Ella Fitzgerald « Pure Ella »
Quelques morceaux :
« The Valley » – Jane Siberry
« Polegnala e Todora » – Mystère des voix Bulgares
« Iris » – Wayne Shorter
« Everything in it’s right place » – Radiohead
« Falling into All » – John Shannon
« Both Sides Now » – Joni Mitchell
« All my Life », « Lonely Woman » – Ornette Coleman
« Blackbird », « In my Life » – Beatles
– Quel est le refrain qui vous a le plus marqué ?
« Lights Out » de Nate Wood du disque « Fall ». C’est un disque sur lequel Nate Wood joue tout les instruments, il était l’ingénieur du son, il l’a mixé, il chante, il a composé toute la musique et les paroles ! Incroyable ce disque (et le refrain de ce morceau) !
– Quels sont les grands auteurs, compositeurs ou interprètes qui comptent pour vous ?
– Thelonious Monk ; Duke Ellington ; Django Bates ; Ornette Coleman ; Dave Douglas ; Joel Miller ; Wayne Shorter ; Paul McCartney ; Antonio Carlos Jobim… C’est que le début d’une longue liste !
– La dernière fois où vous avez été ému en écoutant une musique, une chanson, laquelle était-ce ?
– J’étais ému par le concert de Diane Reeves cet été au Festival de Jazz de Marciac…
– Si Dieu était une chanson, une musique, laquelle serait-ce ?
Impossible de dire une chanson mais peut-être Polegnala e Todora (Love Song) du Mystère des voix Bulgares. Musique plus pure que ça, je ne connais pas…
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le site: http://www.karljannuska.com/
A écouter sur myspace: http://www.myspace.com/karljannuska/music
Mon commentaire Merci Yann pour votre ouverture du coeur
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