Frère Jacques JOUET (2). Les musiques du ménestrel de saint François.

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L’invité du blog: Frère Jacques Jouët. Franciscain à Nantes.

Frère Jacques Jouët vient de publier en 2025  son itinéraire, « Le ménestrel de Saint François« , aux éditions Salvator. Préface de Michel Sauquet (chemins partagés avec Isabelle Allain, frère Boris Barun et Bernard Cordier).

Originaire de Josselin (Morbihan) Jacques Jouët est frère franciscain depuis vingt-huit ans. Il accompagne une fraternité laïque franciscaine et vit dans une communauté de frères aînés à Nantes. Il est en lien avec des personnes de la rue, et aussi avec des personnes handicapées vie l’association « Foi et Lumière« . Il est l’auteur compositeur et interprète de cinq album de chansons religieuses (Adf/Bayardmusique) et anime des concerts veillées.

(Présentation de l’éditeur)

Du 18 au 28 juillet 2025, le frère Jacques Jouët reprendra la route de la Via Ligeria, créée par des Nantais pour relier Nantes à Rome. L’an dernier avec un autre marcheur ils s’étaient arrêtés à Tours. Un périple placé sous le signe de la Providence.

De Saint-Pierre de Nantes à Saint-Pierre de Rome, la Via ligeria vient d’être créée par Anthony Grouard et Anne-Laure Timmel, de l’association des Haltes pèlerines en Loire-Atlantique & Via ligeria.

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Quelles sont les musiques, anciennes ou récentes, évoquant Dieu que vous avez entendues  et appréciées?

Frère Jacques Jouët: ma musique chrétienne commence dès la petite enfance lorsque j’entendais et chantais le cœur plein de joie à la messe, des cantiques sur  Dieu : « Nous chanterons pour toi Seigneur » puis « Allez vous en sur les places.. » ou tout simplement le « Notre Père ». Adolescent, j’ai croisé en Bretagne la route de Jean-Claude Gianadda et Danielle Siacky avec leurs tubes de l’époque « Trouver dans ma vie ta présence » «  Qu’il est formidable d’aimer »… J’ai été bouleversé par le style troubadour de ces deux chanteurs. Quelque chose de nouveau m’apparaissait alors … peut être que ce fut le déclic pour moi d’une vocation? Par ailleurs, J’ai aimé écouter et chanter Dieu à travers l’homme et les chansons d’auteurs au sens large comme « Je vous salue Marie » chanté par Brassens. Quand on parle d’injustice ou d’amour même si Dieu n’est pas explicitement cité, ça me parle quand même de Dieu. Par ex. « Aimer à perdre la raison » ou « Nuit et Brouillard » de Jean Ferrat. Le Blues, le Gospel évoquant les souffrances et la libération du peuple africain me touchent beaucoup. Aujourd’hui j’aime associer les rythmes « RNB » la soul, la danse? La Pop-louange est une chance pour l’église ! Elle permet de diffuser largement le message de l’Évangile et d’embraser bien des cœurs ! Je l’apprécie en veillant toute fois à l’associer avec des services humanitaires humbles et concrets pour décrocher de l’ambiance parfois trop « spot-light ». Un « Ave Maria » comme celui de Gounod s’il est bien interprété ou le « Salve Regina »  a capella et en chœur par des moines cisterciens à la fin de la prière des complies me remplit toujours d’émotions fortes.

Selon vous, Dieu aime-t-il la musique ?

Selon moi la question ne se pose pas. Dieu se communique à nous a travers elle dans un cœur à cœur. Il est proche de nous. Il partage nos joies et nos peines. La musique est ce mode d’expression pour pleurer, crier, aimer… la plus belle musique – me semble t –il – est celle qui atteint Son cœur. Ce peut être dans la Passion, la Crucifixion, dans la tendresse et la fragilité ou dans la Louange. A chaque fois on peut ressentir l’immensité de Son amour pour nous.

Au paradis quelles musiques y entend-on ?

De la musique « Agape » Paix, Amour, Joie, Simplicité, Bonté… de la « pure beauté ! » qui n’écrase pas mais émerveille sans cesse. Il n’y a plus les musiques qui relaient la souffrance, l’injustice… c’est « la musique des anges » lumineuse de la lumière divine. Cette musique n’est par « surfaite » , elle provient d’une source d’une grande pureté et son expression est simple, fluide et merveilleusement délicate.

Quelles sont les musiques qui, selon vous, invitent à la prière ?

Les musiques douces à la flute ou au violon sur fond léger d’orgue que je découvre par surprise lorsque je rentre dans une église sont toujours des invitations à la prière. Mais un Gloria ou un Alléluia déployé avec grande énergie par un orchestre enrichi et rythmé le sont tout autant mais d’une autre manière. Paradoxalement on peut ressentir aussi de la musicalité dans un lieu retiré et silencieux pour la prière. Toute musique vraie et juste qui va dans le sens de l’homme et de Dieu devient prière.

Que chantent les anges  musiciens ?

Des chants polyphoniques de toutes cultures et traditions sur le thème de la joie, de l’Amour « AGAPE » et de la bonté de Dieu ! Il y a aussi des solistes à capella ou accordés avec les anges musiciens pour notre grand Bonheur !

Si la prière était une chanson, une musique, laquelle choisiriez-vous ?

Ça serait soit un « Ave Maria » d’Haendel, de Gounod ou Schubert qui sont des moments de « pure grâce » ! Ou un psaume qui nous entraine à la suite de Dieu à travers la dimension humaine, biblique, ecclésiale et liturgique en prenant en compte notre sensibilité affective. J’ai composé une musique sur différents psaume comme le psaume 50 ou 33 … et à chaque fois que je les chante je me sens comme « arraché » profondément à moi-même ! Cette dimension est très forte .C’est ainsi qu’elle devient prière pour moi.

Qu’aimeriez-vous « chanter » à Dieu en le rencontrant ?

Un chant d’action de grâce qui « jaillit» spontanément du cœur en le rencontrant. Ça pourrait être un chant qui vient de mon enfance « O Seigneur comment reconnaitre… » ( Jean SERVEL et Robert JEF) c’est mon coté spiritualité thérésienne, car dans la chanson je retrouve « la voie de l’enfance » qui me parle de la beauté, de bonté, de simplicité, de candeur, pureté et de confiance.

Quelles sont dans votre discothèque personnelle les musiques, les chansons qui sont vos préférées. Les dix musiques et chansons à emporter sur une île déserte?

Un cd avec les plus beaux « Ave Maria » ; Un cd avec des musiques méditatives à la cithare et des chants de moines et moniales. Un album de John Littleton qui chante « C’est Noël » ou « Un pauvre à frappé à ta porte… » .. Une Messe de Vivaldi. La misa Criolla d’Ariel Ramirez…Ça c’est pour ma méditation et pour mon ressourcement spirituel en Eglise mais j’aime aussi m’ouvrir à des auteurs contemporains de différents styles. Je pourrais prendre un CD de Ferrat, Renaud, Garoud, ou Goldman , un CD sur les musiques du monde pour entendre la résonance culturelle des différents peuples. J’aime entendre du blues, Reggae, Jazz, soul… J’ai un CD d’ Amy Winehouse « Back to Black » que j’apprécie d’autant plus que je travaille auprès de personnes atteintes par des addictions fortes à l’alcool et la drogue. Un peu dans le même sens, j’apprécie Johnny Halliday pour son talent et son parcours « résiliant » alors qu’il vient d’un milieu défavorisé.

Quel est le refrain qui vous a le plus marqué ?

Je crois avoir été marqué profondément par la musique quand j’étais enfant. Ma mère chantait « Enfants de tous pays » d’Enrico Macias à l’occasion d’évènements festifs. Et plus tard je me suis mis a chanté « Malheur à celui qui blesse un enfant ». J’ai été fortement marqué par les Poppys avec en particulier la chanson « Love » ou l’amour se traduit en toutes les langues. J’ai senti de la nouveauté musicale avec ce chœur d’enfants associé à un beau message universel. À l’église, un des chants qui m’ont marqué à l’époque était : « Toute ma vie je chanterai ton nom Seigneur ».

Quels sont les grands auteurs, compositeurs ou interprètes qui comptent pour vous ?

Ils y en a beaucoup qui comptent … j’en nommerai seulement quelques-uns : Vivaldi, Bach, Haendel, Ramirez, Loussier, Messiaen…Louis Armstrong, Barbara Hendricks, John Littleton, Odette Vercruysse, Sr Marie Keyrouz, Cocciante, Garoud, Tina Arena, Jonny Halliday, Cabrel, Ferrat,

La dernière fois où vous avez été ému en écoutant une musique, une chanson, laquelle était-ce ?

Récemment je suis allé écouter quelques réalisations musicales d’auteurs sur la liste des « angelsmusicawards ».  http://www.angelsmusicawards.fr/actus/   J’ai eu beaucoup d’émotions en découvrant certaines plus particulièrement. Le 23 mai dernier, il y avait la finale de « l’Eurovision » à Vienne avec 27 chansons de différents pays de l’Europe qui concouraient. J’ai trouvé très intéressant de les regarder et de les écouter ne serait-ce que du point de vue artistique et musical… mais il n’y avait pas que ça ! On peut aussi entendre « Dieu  caché » dans les chansons profanes ! Si j’ai eu un « coup de cœur » pour le duo Estonien de Elina Born & Stig Rästa avec la chanson « Goodbye to Yesterday » ; et ai été impressionné par les « performances » de la chanteuse serbe Bojana Stamenov, c’est le trio Italien « Il volo » qui m’a le plus « ému » avec sa chanson « pop – opéra » « Grande Amore ». Même s’il n’a fini « que » troisième, je le voyais bien en numéro 1. Dans le film récent « La Famille Bélier » j’ai été très ému aussi par la chanson finale de Michel Sardou « Je vole » interprétée par la jeune Louane associée au langage des signes.

Si Dieu était une chanson, une musique, laquelle serait-ce ?

Ce pourrait être un refrain de Taizé « La miséricorde du Seigneur a jamais je la chanterai » Il vient en répétition avec une respiration naturelle comme chez le pèlerin russe et touche le cœur dans le sens de la bonté infinie de Dieu pour l’homme, sa créature qui se sent aimée quelque soit son état, son péché, ses fautes… Dieu n’est qu’Amour infini ! il tire l’homme de sa détresse pour l’élever dans Sa gloire. (Psaume 113)
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A lire. Hebdomadaire Pèlerin:
http://www.pelerin.com/Histoire-Patrimoine/Musique-en-fete/Paroles-de-musiciens/Jacques-Jouet-le-frere-musicien

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À propos de ce blog

  • Dans un pays où, dit-on, tout ou presque, finit en chansons, d’innombrables voix montent du chœur des humains jusqu’à Dieu. Au gré de voies parfois étonnantes. La chanson n’a pas seulement vocation au divertissement et aux standards formatés. Elle ouvre à bien plus grand qu’elle, évoquant les musiques du Paradis…

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À propos de l’auteur

  • Robert Migliorini, religieux assomptionniste, journaliste, a tenu au sein du service culture de La Croix la rubrique musiques actuelles, de 1999 à 2009, et a assuré durant dix ans, en alternance, la rubrique quotidienne Fidèle au poste.

    Musicien, il a contribué au numéro de juillet 2009 (223) de la revue trimestrielle Christus consacré à la question de la musique, « une voie spirituelle ? ».

    Prépare un essai consacré à la chanson religieuse. Membre du jury des premiers Angels Music Awards 2015.

    Le dimanche à 8h03 sur le réseau RCF (Radios chrétiennes francophones) il programme l’émission Un air qui me rappelle.

    Robert Migliorini est également chroniqueur musical pour le mensuel Panorama.

Les derniers commentaires

  1. Bonjour, Je suis comédien et je joue en ce moment un seul en scène qui relate mon parcours de chrétien…

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